Julie Biroulès du Réseau Hortus
Terre argileuse, sol hydromorphe et compacté
Chez nous, dans l’Yonne, où la terre est plutôt argileuse et le sol hydromorphe et compacté,
un paillage hivernal bien épais s’est avéré salutaire. Et lorsque je dis bien épais, je parle d’une couche d’environ 50 cm ou plus, qui va se tasser assez rapidement.
En ce qui concerne les matériaux, j’utilise essentiellement du foin issu de la fauche automnale annuelle de la prairie, des feuilles, du broyat de bois, des restes de cuisine, parfois un peu de paille (mais jamais seule car je trouve qu’elle se décompose difficilement bien qu’elle soit bio), de l’herbe et le produit du désherbage. J’évite par ailleurs de déposer de trop grandes quantités matières azotées car le sol en est déjà bien pourvu.
Paillis de foin et adventices
Celles-ci sont toujours déposées au-dessus du tas et une fois sèches afin d’éviter un nouvel enracinement du liseron et de la potentille.
Au printemps, la couche a bien diminué et je peux installer mes plants de légumes.
Au cours de la saison, si besoin, je complète le paillis, toujours avec ce qui me tombe sous la main : adventices arrachées dans les zones où elles se font trop envahissantes, herbe fraîchement tondue, restes de foin et de feuilles…
Cela n’empêchera pas le liseron de sortir car ses racines sont profondément enterrées, ni la potentille avoisinante d’étendre à nouveau ses tentacules, mais l’invasion est moins importante. Durant l’été, je les laisse se développer de façon raisonnée au pieds des plants de légumes, par-dessus le paillage. J’en arrache un peu lorsqu’ils deviennent trop envahissants.
Le potager au printemps
A gauche, plants de haricots et petits pois. A droite, plants de tomates.
L’automne revenu, j’aère légèrement le sol à l’aide d’une grelinette et paille à nouveau.
Je me suis rendu compte cette année que la terre était vraiment plus meuble et souple sur une hauteur d’environ 30 cm. La grelinette s’y enfonçait très facilement, alors qu’au moment de l’installation de ces planches de culture, la terre formait de gros blocs difficiles à briser et collait lorsqu’elle était humide, ou restait impénétrable lorsqu’elle était sèche.
Terres et vers de terre
A gauche, terre prélevée dans la prairie à proximité des planches potagères, à droite, terre du potager après 3 années de paillage multicouches.
Les méthodes permettant d’améliorer la structure et la vie du sol sont nombreuses et variées. Je ne pense pas qu’il y ait une seule bonne technique ! Il tient à chacun d’expérimenter différentes recettes (paillage, semis d’hiver, apport de compost décomposé, fumier, BRF,
grelinage ou non …) et d’en évaluer les résultats. Il est aussi possible de les mélanger: par exemple, paillage la première année et semis d’hiver la suivante.
Sous le paillis, la terre est meuble et bien vivante ! Peu importe la recette utilisée, j’aurais tendance à penser qu’il est mieux de commencer un potager durant l’automne car la saison est encore assez douce pour que les insectes, champignons et bactéries puissent travailler et commencer à décomposer les matériaux qui couvrent le sol.
Le coin des framboises
J’ai tenté la même expérience avec des framboisiers installés au cours de l’automne dernier:
paillis épais de foin, puis ajout de feuilles durant l’hiver, et ajout de broyât de bois et de tonte au printemps.
Résultat : je n’ai pas eu besoin de les désherber de la saison, alors que sur une ancienne planche, je m’escrimais à arracher liseron et pissenlits plusieurs fois par an. Il y a bien eu du liseron, j’en ai ôté, un peu, mais il a été moins envahissant. En outre, les pieds ont relativement bien donné malgré le manque d’eau, le paillis épais ayant probablement évité un dessèchement trop rapide du sol. Et cela n’a pas empêché les jeunes pousses de framboisiers de sortir. A présent, tout ou presque a été digéré et le sol est quasiment à nu.
C’était la première année, je vais appliquer la même recette cette année et nous verrons bien si les résultats se confirmeront en 2023.
Quoi qu’il en soit, l’essentiel est pour moi de ne jamais laisser le sol dans la Zone de Production à nu et de le nourrir, ou plutôt de nourrir ses habitants qui travaillent à en améliorer la structure. Mais cela prend du temps et les résultats ne sont pas immédiatement visibles. Il faut être patient.
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