Un jeune Hortus dans le Cantal Bienvenue au « Jardin des Herbes Vives » (Hortus herbae vivae pour les puristes) !

 Cette appellation est liée au nom du lieu-dit : Aiguesvives, qui signifie « eaux vives ». Ce lieu, très justement nommé, regorge d’eau. Trois sources coulent abondamment sur le terrain en toute saison, ce qui permet à la végétation d’y être exubérante et vigoureuse. Une rivière temporaire irrigue la partie boisée. 

Ce jeune hortus est perché sur une petite colline du Cantal, à 650m d’altitude. Seule habitation au bout d’une route sinueuse, le jardin est protégé de toute forme directe de nuisance liée à l’urbanisation. Tout autour, un écrin de nature préservée : pâturages gérés de manière extensive, maillage de haies bocagères et forêts feuillues diversifiées. Le panorama à plus de 70km à la ronde sur les volcans d’Auvergne vient compléter ce cadre idyllique. 

A mon arrivée ici, au printemps 2020, la maison avait 1000m² de jardin « type lotissement des années 90 » (haie résineuse, forsythias, rosiers à massifs, hortensias…). Le voisin a accepté de me céder 5000m² de prairie et 1 Ha de forêt attenants afin que je puisse assouvir ma soif de jardinage.

J'ai pris le temps d'observer avant de créer les 3 zones

Dans un premier temps j’ai rapidement retiré une grande partie des « plantes de lotissement » afin de pouvoir les remplacer par les plantes aromatiques et utilitaires issues du déménagement de mon ancien jardin. Je me suis ensuite mis en pause pendant presque un an. Je voulais prendre le temps d’observer et de comprendre ce nouveau lieu. Cela m’a permis d’en apprendre beaucoup sur les écosystèmes en place. J’ai ainsi pu réaliser mes choix d’aménagement ultérieurs et identifier les zones propices pour les hotspots, tampons et productions de manière plus pertinente.

Une faune abondante, un cadre idyllique

Comme le jardin est entouré de nature, la faune y est abondante. Les observations et la découverte d’indices de présence se font font quotidiennement. Pour les mammifères : blaireaux, renards, martres, chevreuils, loirs, lérots… Pour les oiseaux : chardonnerets, troglodytes mignons, huppes fasciées, pics verts/épeiches/épeichettes, rapaces nocturnes… Pour les batraciens : nombreuses salamandres et crapauds accoucheurs. Pour les reptiles : forte dominance de la couleuvre d’esculape mais aussi quelques couleuvres vertes et jaune et à collier. Au niveau des insectes, mes connaissances sont trop sommaires pour identifier les espèces peu courantes. J’observe un grand nombre d’individus que je ne suis pas en mesure de nommer. Les vers luisants sont très abondants : jusqu’à 14 observations simultanées.

Déconstruire la notion de "propreté"

Au printemps 2021, je suis passé à l’action : plantation de nombreux arbres et arbustes pour créer une zone tampon inexistante, création d’un potager mandala, construction de multiples aménagements en pierre sèche, creusement d’une mare, mise en place de nombreux habi-tas (plein de tas différents composés de matériaux divers et placés à des endroits stratégiques), construction d’une serre bioclimatique, aménagement du sous-bois… Mais il reste encore tant à faire : sandarium, pyramides, mares supplémentaires et autres inspirations hortusiennes.

Dans ma vie professionnelle, je contribue à la formation de futurs paysagistes et mon jardin sert ponctuellement de support pédagogique. J’ai a cœur de faire découvrir la possibilité d’aménager les espaces de manière accueillante pour les humains et les non-humains. J’en profite au passage pour sensibiliser les jeunes au concept des jardins-hortus. J’essaye de déconstruire la notion de « propreté » véhiculée par les clichés du paysagisme conventionnel et de présenter un jardin correspondant aux standards de confort attendus tout en étant foisonnant de vie.