Ces animaux riquiqui pourtant visibles à l'œil nu (la plupart font moins de 3mm) n'ont été vraiment identifiés qu'au 17è siècle et alors baptisés "poux qui courent avec 6 pieds". Avec ses 6 pattes, ce ne sont pourtant pas des insectes, la plus grosse différence étant qu'ils ont leurs pièces buccales à l'intérieur de la tête et non pas en avant comme la fourmi que nous voyons clairement agiter ses mandibules.
Ces petits arthropodes dont l'origine date d'avant l'ère des dinosaures ont d'autres organes originaux comme une furca, sorte de fourche musclée sur l'arrière de leur corps qui leur permet de faire des bonds jusqu'à 100 fois leur hauteur. Pour moi, ce seraient 160 mètres, ce qui n'est pas rien. Par contre, autant leurs sauts sont puissants, autant ils ne sont pas efficaces pour se déplacer, l'animal pouvant bondir en arrière ou en avant (selon l'espèce) avec des culbutes incontrôlées qui les fait atterrir dans toutes sortes de positions.
C'est à pied qu'il se déplace en général, le collembole, dans les premiers centimètres du sol. Si vous voulez en observer, il vous faudra choisir un coin humide, tapissé de feuilles en voie de décomposition. Mettez-vous à quatre pattes, penchez-vous et soulevez-en quelques-unes. Les animalcules vont sauter pour fuir, ce qui n'est pas très pratique pour les observer, mais leurs bonds vous signaleront que les petits jardiniers invisibles sont bien présents.
Oui, jardiniers, car des études récentes ont montré que lorsque la quantité de collemboles dans le sol baisse, la biomasse végétale et racinaire baisse également.
Mais que font-ils dans le sol ? Comme les vers de terre - qui sont des géants à leur échelle - ils creusent des galeries très étroites qui peuvent faire 1/10e de millimètre, augmentant par là la capillarité fine et l'infiltration de l'eau dans le sol. Ils sont les premiers à attaquer l'épiderme de feuilles mortes, laissant par la suite la place aux autres animaux et abandonnent des millions de crottes fertiles sur une surface d'1m2. Ils consomment également des spores de champignons, des bactéries et contribuent à la reproduction des mousses. Là où ils abondent, le sol est bien humide, la matière organique se décompose comme il faut. En situation sèche, ils s'enfoncent un peu plus dans la terre et fonctionnent au ralenti.
Nous avons actuellement identifié 8000 espèces de collemboles mais il en reste à découvrir !
Photos : Dani RTH
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